Des trous de poteaux mis au jour sur ce rocher font remonter une occupation du site au Ve siècle. La présence d’un sanctuaire gallo-romain sur une colline de Bourbon qu’on appellera plus tard Saint-Georges ne laisse pas de doute en ce qui concerne la nature de l’occupation du promontoire rocheux : le castrum – place forte de la puissance publique – deviendra naturellement un château-fort qui réunit en un seul lieu les fonctions militaires, administrative et résidentielle au début du Xe siècle.
Les chroniques d’Éginhard et du pseudo-Frédégaire mentionnent toutes deux la destruction en 761 par Pépin-le-Bref du castrum[1] de Bourbon (situé alors dans un comté de Berry dépendant du duché d’Aquitaine), au cours d’une guerre qui oppose ce dernier, roi des Francs et père de Charlemagne, à Gaiffier, le duc d’une Aquitaine qui sera intégrée au monde franc par Charlemagne en 768, réglant ainsi le problème de l’indépendance des Aquitains face au pouvoir hégémonique des Francs.
Au Xe siècle, le Bourbonnais n’existe pas encore, au sens où l’on pourrait l’entendre aujourd’hui, à savoir une entité territoriale constituée (comme le sont le Berry ou l’Artois, par exemple). En effet, c’est sur les confins de quatre pagi[2] en Auvergne, Nivernais, Berry et Autunois, que les ancêtres des sires de Bourbon, peut-être d’origine franque, détenteurs de charges publiques, reçoivent des alleux[3] autour d’Ébreuil et de Souvigny de la main de Charles III le Simple.
Sur l’Allier, à une vingtaine de kilomètres de Bourbon-l’Archambault, se trouve le castrum de Deneuvre (aujourd’hui Châtel-de-Neuvre) siège d’une viguerie[4] qui dépend également du duché d’Aquitaine. Son viguier au début du Xe siècle, un familier du duc Guillaume Ier d’Aquitaine, est un dénommé Aimard ; il est le premier ancêtre connu de la Maison de Bourbon.
Il est intéressant de noter que son nom figure au bas d’un acte par lequel Guillaume d’Aquitaine fait don de sa villa (un grand domaine foncier) de Cluny à une congrégation de moines bénédictins en 909 (ou 910 selon la méthode de datation utilisée).
Aimard imite son protecteur et fait don de sa villa de Souvigny en 915 à une communauté de moines bénédictins issus de Cluny. Le prieuré deviendra, avec l’essor que l’on connaît de l’abbaye mère (lui-même rendu possible grâce au soutien des aristocraties franques), un symbole de la puissance des descendants d’Aimard. Souvigny deviendra leur sanctuaire au XIVe siècle; on parlera même du Saint-Denis des Bourbons.